Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) tranchera la question de sa participation ou non à la présidentielle au début du mois de juillet prochain. «Il y a un débat qui a déjà été mené au niveau des structures locales du parti autour de ce sujet.
Nous allons nous réunir le 5 juillet prochain, en tant que membre du conseil national, pour trancher définitivement cette question», a déclaré le président du parti, Atmane Mazouz, en marge d’une conférence-débat, organisée hier à Alger par sa formation politique sous le thème de «Histoire et mémoire : sacrifice et acquis». Le leader du RCD se montre, toutefois, moins enthousiaste.
«Mais je dois dire qu’aujourd’hui, les conditions ne permettent pas d’aller vers une véritable présidentielle où le choix du peuple algérien sera effectivement respecté. On le voit au quotidien ; que ce soit au plan de la mobilisation ou celui de l’ouverture, notamment des médias, il n’y a pas cette volonté d’aller vers une véritable sensibilisation du peuple algérien pour cette présidentielle (…)», lance-t-il.
Dans son allocution prononcée devant les participants à cette conférence-débat, organisée à l’occasion de la Journée de la mémoire, qui coïncide avec l’anniversaire de l’assassinat du président Mohamed Boudiaf, un certain 29 juin 1992, il souligne d’abord l’objectif de cette initiative. Selon lui, il est important de «perpétuer l’esprit des luttes qui nous sont communes». «Le travail de mémoire n’est pas seulement une addition de faits d’armes, de victoires et de défaites.
C’est la restitution des heures de gloire, des périodes de replis, des heures sombres, des résistances, des ciments qui ont fait l’union et des ingrédients de la discorde et des trahisons. L’objectif de tout travail de mémoire est de rendre possible ou de consolider le vivre-ensemble dans un pays où la violence sous toutes ses formes a jalonné son histoire», affirme-t-il.
Rappelant les différentes étapes de l’histoire de l’Algérie avant et après l’indépendance ainsi que les sacrifices consentis par des générations de militants, dont ceux du RCD, Atmane Mazouz insiste sur la nécessité d’un débat. «Les traumatismes induits par les triturations de notre histoire et de la mémoire impliquent forcément débats, vérité, reconnaissance et réparations pour tourner la page.
Plus de 60 ans après l’indépendance nationale, notre pays est toujours confronté à un problème de représentation nationale où se mêlent les meurtrissures identitaires, un populisme islamiste étouffant et les survivances d’un passé colonial jamais assumé», déclare-t-il.
Evoquant le mouvement de février 2019, comme une des étapes récentes de l’histoire de l’Algérie, il affirme que celui-ci «se veut comme un processus pacifique pour récupérer la souveraineté populaire et l’amorce de la construction d’une société de liberté et de justice ne peut être durablement contrariée».
«L’impasse politique que traverse le pays ne peut être dépassée par d’autres élections (…) organisées dans un environnement de suppression des libertés et de musellement de la parole», soutient-il, affirmant que «seul un processus consensuel, qui vise à réhabiliter le débat en vue d’un retour à la souveraineté du peuple pour se donner de nouvelles institutions légitimes, est à même de jeter les bases de la concorde et de l’instauration de l’ordre démocratique».