L’intellectuel ne doit pas fixer le sol, la tête baissée, mais il doit au contraire lever la tête et se demander ce qui se passe dans un pays de la taille de l’Algérie ! Une classe intellectuelle qui a abandonné ses responsabilités depuis des années, offrant tous les rites d’obéissance et de loyauté aux puissants, tout en s’étonnant discrètement de la médiocratie de la classe politique, et en méprisant le folklore des masses.
Se moquer des images de foules en situation de pauvreté et de besoin, brandissant des pancartes de candidats, n’a rien à voir avec la culture ou la politique, c’est simplement un abus de pouvoir contre les faibles.
Le rôle de la classe intellectuelle ici consiste à préserver la dignité de ces masses et à travailler sur un véritable projet de société ; c’est sa première mission, et non de se montrer hautaine, de construire des murs, et de parler depuis une tour d’ivoire. La réputation de Kateb Yacine ou de Mustapha Kateb a toujours dépassé celle de l’actuelle classe intellectuelle, simplement parce que ces hommes étaient avant tout Algériens.
La culture, tout comme la politique, doit s’ancrer dans la réalité, s’appuyer sur l’algérianité du citoyen, sur ses origines, sur son éthique, sur ses positions, et transcender les moules importés et les frontières imposées par l’Occident et l’Orient.
Une campagne électorale, et l’absence totale de la voix de la classe intellectuelle, qui aurait dû être en première ligne pour orienter l’opinion publique vers ce qui sert ses intérêts, préserve sa dignité, et répond à ses besoins. Mais malheureusement, la classe intellectuelle nous a servi un communiqué de soutien qui ressemble plus à une correction avant qu’il ne soit trop tard ! Qui veut parler de la classe intellectuelle en Algérie « qu’il le fasse sans péché ». Tout simplement, elle a été écrasée, malaxée et reléguée dans un coin, avec son consentement !
Manel Bouzid Coordinatrice nationale des JP RCD