Journée internationale pour l’élimination de la violence faite aux femmes

La violence à l’égard des femmes demeure une réalité alarmante dans notre pays. Elle est un drame vécu quotidiennement par des milliers de femmes et de familles, c’est aussi une violation des droits humains.
De part son ampleur elle bloque le développement et l’accès à la modernité. Ces violences prennent diverses formes – physique, psychologique, économique ou sexuelle –, elles restent profondément enracinées dans des traditions patriarcales et des mentalités qui perpétuent les inégalités entre les sexes. Selon les données officielles, au moins 38 féminicides ont été recensés en 2024, un chiffre largement sous-estimé selon les associations féministes. Ces violences, souvent banalisées ou ignorées, appellent une réponse urgente et globale.

Des formes multiples de violence

Les violences faites aux femmes se manifestent sous diverses formes :

Violences conjugales : coups, menaces, privation financière et contrôle psychologique. Ces actes, commis dans le cadre familial, sont souvent tolérés par la communauté et perçus comme des « conflits familiaux ».

Agressions sexuelles : viols, attouchements et harcèlement sexuel.

Violences économiques : dépendance financière imposée, privation des ressources nécessaires à une vie digne.

Ces violences ne sont pas seulement physiques ou matérielles ; elles affectent profondément la dignité et la santé mentale des victimes, souvent contraintes au silence par une société qui stigmatise davantage les victimes que les agresseurs.

Les causes profondes de la violence

La persistance des violences faites aux femmes en Algérie est alimentée par :

Le poids des traditions patriarcales : Dès l’enfance, les filles apprennent des notions comme sabra (patience) et soumission au mari, qui normalisent les comportements abusifs. L’école prend souvent le relais pour assigner a la femme une place de second ordre et le regain de religiosité ambiant font le reste.

Pression sociale et stigmatisation : Les victimes, souvent blâmées, sont encouragées à se taire pour préserver « l’honneur familial ».

Tolérance culturelle : Les violences conjugales sont fréquemment réglées au sein de conseils tribaux (djemaa), qui favorisent la réconciliation au détriment de la justice pour les victimes.

Cadre légal inégalitaire : Le Code de la famille algérien, en vigueur depuis 1984, maintient les femmes dans une situation de subordination légale, renforçant leur vulnérabilité aux violences.

Progrès législatifs et défis persistants

L’Algérie a enregistré des avancées législatives importantes avec :

La loi 15-19 de 2015, introduit des ordonnances de protection pour les victimes et renforce les sanctions contre les violences faites aux femmes par les articles 266 bis et 266 bis1

Sanctionnent les coups et blessures volontaires commis contre un conjoint où un proche .Toutefois ,ces dispositions permettent l’extinction de l’action pénale en cas de pardon de la victime ,limitant ainsi leur portée réelle dans la lutte contres les violences conjugales et restent insuffisantes face à l’ampleur du phénomène. Plusieurs défis subsistent :

Application limitée des lois : Faible formation des forces de l’ordre et des juges, qui manquent souvent de compréhension des dynamiques de la violence de genre.

Manque de structures adaptées : Insuffisance de centres d’accueil et de refuges sécurisés pour les victimes.

Cadre légal discriminatoire : Le Code de la famille algérien, qui limite les droits des femmes dans les sphères matrimoniale, parentale et , est un obstacle majeur à l’égalité.

Des solutions pour un changement durable

La lutte contre la violence faite aux femmes en Algérie nécessite des mesures concrètes et globales :

Renforcer le cadre législatif :

Abroger le Code de la famille, symbole d’inégalités structurelles.

Criminaliser explicitement le féminicide et durcir les peines pour toutes formes de violences.

Soutenir les victimes :

Créer des centres d’accueil dans chaque wilaya, offrant un soutien psychologique, juridique et médical gratuit.

Mettre en place des mécanismes de protection immédiate pour les femmes en danger.

Éduquer et sensibiliser :

Réformer profondément les programmes scolaires dans le sens de la sécularisation et Introduire dans les écoles des cours sur l’égalité en droits des genres et le respect des droits humains.

Lancer des campagnes nationales de sensibilisation pour encourager les victimes à briser le silence et pour changer les mentalités patriarcales.

Former les professionnels :

Renforcer les capacités des forces de l’ordre, juges et avocats pour garantir une application juste et efficace des lois.

Renforcer les associations féministes :

Soutenir les ONG et les initiatives locales qui œuvrent pour la protection des femmes et la dénonciation des violences.

Un appel à l’action collective

La violence à l’égard des femmes n’est pas une fatalité. Elle est le reflet d’une société où les inégalités entre les sexes structurent la domination des possédants et perpétuent les rapports sociaux. Dans ces conditions, les changements nécessaires impliquent volonté politique et réformes profondes. À l’occasion de la Journée mondiale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, il est impératif de rappeler que la mobilisation de tous les citoyens et des associations est incontournable pour bâtir une société fondée sur l’égalité et la justice.

L’abrogation du Code de la famille est combinée à des lois protectrices et des actions concrètes doivent permettre d’amorcer un changement où les femmes algériennes pourront vivre en sécurité, dans le respect de leurs droits et de leur dignité. Alors agissons ensemble!

Nora Ouali

Secrétaire Nationale au RCD

RCD

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