Mesdames, Messieurs les membres du Conseil national,
Chers invités,
Bonjour, Azul fellawen, Sbah El Khir,
Nous sommes à notre 6ème session ordinaire du Conseil national. Je vous souhaite la bienvenue dans notre instance suprême pour débattre et échanger de la situation politique générale, de l’organisation et d’autres questions liées au parti et au destin de notre pays. J’attends de cette rencontre que l’on aborde toutes les questions dans la sérénité, le respect et l’échange constructif. Cet espace est le nôtre et la parole est libre.
Pour avoir largement résisté à la soumission générale imposée par la force aux acteurs politiques, au mouvement associatif et aux différents segments de la société, nous avons durement arraché notre droit à l’existence par notre ténacité et résolution à défendre notre autonomie de décision et d’activité. Pour cela, le RCD a de quoi être fier pour avoir maintenu la flamme de l’espoir démocratique et avoir largement mobilisé les enfants de notre pays pour libérer la société, organiser des alternatives et lutter pour la construction d’un État de droit. Notre parcours, aujourd’hui, inspire respect et considération partout car nous avons emprunté la voie de la dignité qui honore le combat de nos ainés et force le respect et l’admiration de toutes les générations.
L’ordre du jour que nous venons d’adopter nous permettra d’aborder sereinement et objectivement toutes les questions et vous aurez des communications d’introduction aux débats des secrétaires nationaux chargés respectivement à l’organisation et aux finances, aux élections et celui de l’émigration et des institutions pour traiter des perspectives de notre Rassemblement.
Chers amis,
Depuis décembre2019, la voie de la raison est contrariée par une fermeture quasi générale des espaces d’expression et la politique du tout sécuritaire qui a pris le pas sur l’impérieuse et urgente nécessité d’ouverture et des mesures de détente et d’apaisement pour remobiliser la nation et faire face aux multiples défis qui nous attendent.
Ignorer la dangerosité de la situation que traverse le pays est une attitude irresponsable et criminelle. Il est des situations qui commandent de nous tous de prendre nos responsabilités en cette conjoncture difficile et chacun de nous doit affronter la situation sans complaisance devant la crise profonde que connait la gouvernance du pays. Le pouvoir, en premier lieu, doit comprendre à la lumière des bouleversements régionaux et planétaire qu’il est vain de se commettre dans le défi de la Nation en insultant les valeurs et les sacrifices de ceux qui ont libéré le pays et des luttes des générations d’Algériennes et d’Algériens qui aspirent à vivre dignes et libres . Nous devons en urgence nous remettre en cause avant de chercher à accabler les autres des malheurs qui nous arrivent et qui handicapent le développement et la stabilité du pays.
Sur les difficultés auxquelles fait face notre pays, je voudrai en premier lieu aborder la situation socio-économique. La situation sociale dans notre pays est alarmante et si ce n’était pas les cours haussiers des hydrocarbures qui permettent quelques mesures sociales, la pauvreté aurait connu une explosion certaine qui aggraverait la dégradation des indicateurs de développement humain dans notre pays. La situation est effectivement difficile avec une économie qui demeure fortement dépendante des hydrocarbures, qui ont représenté entre 2019 et 2023 environ 14 % du PIB, 86 % des exportations et 47 % des recettes budgétaires. Cette dépendance continue expose le pays à de nombreuses difficultés avec, notamment, les fluctuations des prix de l’énergie sur les marchés internationaux. Et la situation risque de s’aggraver avec le retour de Donald Trump au pouvoir et la course à l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste.
Le taux de chômage, particulièrement élevé chez les jeunes qui continuent à fuir le pays au risque de leurs vies demeure un autre défi majeur pour notre pays. La croissance économique promise par le pouvoir aura, quant à elle, du mal à suffire pour absorber le flux annuel des nouveaux demandeurs d’emploi, estimé entre 350 000 et 400 000.
Une autre inquiétude pour les ménages est celle de la dégradation du pouvoir d’achat avec une inflation galopante et incontrôlable à deux chiffres. Nous sommes aussi face à une situation budgétaire inquiétante qui limite la marge de manœuvre du gouvernement conséquence, notamment, du manque d’anticipation et de prospective dans l’élaboration d’un plan de redressement socio-économique qui exige la diversification de l’économie, l’amélioration de l’environnement des affaires, la réforme du secteur financier et la promotion du développement durable.
Pour moi, toute cette situation exige et urge la nécessité de réformes structurelles profondes et urgentes pour dynamiser l’appareil de production hors hydrocarbures et créer des opportunités d’emploi pour assurer une croissance économique durable et inclusive.
Chers amis
Au lieu de prendre la mesure que ce marasme prend largement racine du cours liberticide donné à la vie publique en général, le nouveau mandat du chef de l’Etat dont l’appel au dialogue tarde à avoir lieu commence en voulant donner un nouveau tour de vice aux libertés fondamentales et une attaque en règle avec les nouveaux avant-projets de lois contre les institutions élues et le multipartisme.
Les projets de révision des textes régissant les APW et les APC ainsi que celui de la loi sur les partis politiques portent en eux-mêmes la fin de toute opinion ou action autonome ou tout simplement toute initiative non adoubée par le pouvoir central.
Les nouveaux projets de lois sur les assemblées locales subordonnent toute décision à l’aval des walis et de l’administration, les élus sont ainsi de simples fonctionnaires. Je vous laisserai prendre connaissance de ces textes avec le secrétaire national aux élections.
Quant au projet de loi sur les partis politiques auxquels est désormais assigné l’accompagnement de la politique du gouvernement, ils seront sous un statut type et constitueront des agences de renseignements du ministère de l’intérieur.
Devant tant d’arrogance dans la gestion de la vie publique et de désinvolture quant à l’avenir du pays, l’ensemble des forces patriotiques est mis en demeure de s’unir pour présenter un front qui porte les valeurs de la liberté et de la démocratie pour constituer le prolongement des luttes pour une alternative de progrès. Dans ce cadre, le RCD exhorte ses militants à être partout le phare de l’espérance et du regroupent salutaire auquel il a toujours appelé.
Chers amis
Nous avons toujours dit que la violation des lois et de la constitution pour réprimer et emprisonner est l’apanage d’un pouvoir faible. La libération des prisonniers politiques et d’opinion constitue aujourd’hui plus qu’une mesure de justice et d’apaisement mais une décision qui peut ressouder le front intérieur devant les tentatives d’instrumentalisation extérieure. Les invectives et en particulier l’activisme anti algérien des médias et des milieux d’extrême droite en France qui traverse elle-même une crise de pouvoir profonde appelle au sang froid et à la retenue, d’autant que l’histoire humaine commune a tissé plus de liens entre nos deux peuples qui demeurent plus fort que les cris d’orfraie de conjoncture. Nos deux pays gagneront à bâtir des relations sereines et apaisées loin des instrumentalisations de comportements de délinquants qui nuisent au respect mutuel. Il est temps qu’ensemble, en Algérie et dans le monde, qu’on bâtisse un futur où les nations ,grandes et petites, avancent main dans la main pour affronter les défis communs, dans le respect des valeurs qui nous unissent et non celles qui nous divisent.
Honorable assistance,
Nous venons d’entamer une nouvelle année et c’est une occasion pour nous de se projeter sur les initiatives et les échéances à venir pour renforcer les rangs du parti et nous redéployer organiquement. Depuis le dernier conseil national, le parti a eu à organiser plusieurs évènements que ce soit au niveau wilayal, au niveau national qu’au niveau de notre émigration. A la veille de notre dernier conseil national, le parti a organisé une journée de la mémoire pour perpétuer l’esprit des luttes qui nous sont communes et se souvenir pour entretenir la flamme du combat démocratique et du militantisme pour la liberté et l’émancipation. Nous avons rappelé que « le travail de mémoire n’est pas seulement une addition de faits d’armes, de victoires et de défaites. C’est la restitution des heures de gloire, des périodes de replis et des heures sombres et des résistances… ». Au mois d’octobre passé, c’était autour de la traditionnelle université d’été qu’organise le parti chaque année. Nous avons, durant deux journées, suivi ensemble des éclairages sur des sujets d’actualités et les enjeux majeurs dans les domaines géopolitiques, diplomatiques et les questions socio-économiques. Nous avons également traité des questions de l’état de droit, des libertés, des luttes démocratiques et des souverainetés nationale et populaire.
Notre université d’été a permis de renforcer les rangs du parti, former nos militants et débattre des orientations politiques.
Il y a moins de deux mois, à Sétif, le parti a aussi organisé une journée d’étude sur l’éducation nationale. Convaincu que l’école est le pilier de l’éducation, le lieu où se construisent les Nations et les citoyens de demain, où se forgent les esprits critiques et les compétences essentielles pour réussir dans un monde en perpétuelle évolution, le RCD continuera à lutter pour qu’elle soit libérée de l’emprise de la pensée rétrograde et de l’influence de l’idéologie islamo-conservatrice pour donner à nos enfants les chances de réussir dans une école ouverte sur l’universalité et le progrès.
Enfin, cette fin d’année a été marquée par le redéploiement du parti au sein de l’émigration après une absence de presque deux décennies sur la scène internationale. Le secrétariat national à l’émigration avec le RCD-France a organisé un grand meeting suivi d’un débat avec notre émigration qui s’est mobilisée massivement. Plusieurs autres rendez-vous ont ponctué l’activité du parti qui a suscité un grand intérêt au sein de notre diaspora et des différents collectifs qui activent au sein de l’émigration.
Ce déplacement a permis à notre Rassemblement de renouveler son soutien à nos compatriotes en ces moments difficiles de stigmatisation et de surenchères. Nous avons rappelé que notre priorité est d’aider notre diaspora qui, dans sa majorité, réussit dans divers domaines de la vie économique, culturelle et même politique. Nous devons l’accompagner en tant que parti à réussir son intégration et à renforcer ses positions partout où elle se trouve.
Chers amis, membres du Conseil national,
Pour conclure, l’impasse manifeste et historique dans laquelle se trouve notre pays est source d’une sérieuse inquiétude qui peut conduire à des dangers certains ; le déboulonnage de la statue d’Aksel à Khenchela, les attaques contre la généralisation de Tamazight à l’école et sa promotion dans les institutions et les facilités et encouragements de l’extrémisme religieux dans les établissements scolaires et dans la société sont des signes de menaces sur l’identité, les repères de la nation et plus dangereusement, sur la cohésion nationale, notre devenir et notre existence.
Le RCD réaffirme que le sauvetage de l’Algérie est incompatible avec la pérennisation du système politique actuel devenu un danger au niveau national et régional. Nous réaffirmons notre appel à tous les patriotes déterminés à libérer la nation et la mettre sur la voie de la raison et de la stabilité et à recentrer nos énergies autour de la sauvegarde du pays et la défense des intérêts suprêmes. C’est cette exigence et fidélité aux valeurs du combat libérateur qui doit être à l’ordre du jour aujourd’hui. Le RCD, avec son combat d’hier et d’aujourd’hui, demeurera fidèle à ses valeurs et son combat et sera au rendez vous de l’Histoire.
Je vous remercie.
Gloire à nos martyrs ;
Vive le RCD ;
Vive l’Algérie libre et démocratique.
Alger, le vendredi, 17 janvier 2025
Atmane Mazouz Président du RCD
