Mesdames, Messieurs, Bonjour, Azul, Mrahba bikoum, Good Morning,
Chers amis et militants, honorables invités, représentants de la société civile et du corps diplomatique, journalistes, je vous souhaite la bienvenue dans cette ville balnéaire en espérant que vous y passerez des moments agréables pour tous et studieux pour les participants aux travaux de cette université d’été.
Le RCD se fait toujours un devoir, à chaque fois que cela est possible, d’organiser ses universités d’été malgré toutes les difficultés matérielles et les entraves de l’administration pour un parti jaloux de son autonomie. Pour ce rendez-vous, nous avons obtenu l’autorisation vingt quatre heures avant sa tenue. Vous imaginez toutes les difficultés à anticiper nombres de taches qui rendraient l’événement géré avec plus de sérénité et avec moins de pression sur les militants. Comme d’habitude, les craintes que nous soulevons sont souvent confirmées par les faits : malgré la réservation des lieux, hier, tard dans la journée, on nous apprend qu’il n’y a plus assez de places pour l’hébergement des délégations de wilayas. Imaginez toute la pression qu’ils exercent sur nous à moins de 24 heures du début des travaux. Nous nous sommes trop habitués. La pression de la gestion des évènements pour nous est devenue notre principal carburant de militantisme et d’abnégation. Pour nous, il est de la plus grande importance de conquérir le moindre espace de débat pour contribuer à construire un pays de liberté, de progrès et de paix. Il n’y a pas un autre destin que nous voulons à notre pays que celui de la démocratie, de l’état de droit et de la cohésion nationale.
Je voudrai d’abord saluer l’engagement de nos militants et de nos structures à travers tout le pays qui demeurent mobilisés pour la réussite de nos actions au prix de nombreux sacrifices à commencer par leurs contributions financières inestimables lors des évènements du parti. Il est effectivement rare de trouver des pères de familles sacrifier un quart de leur mensualité ou voir un étudiant payer l’équivalent de sa bourse mensuelle pour prendre part à un évènement politique. Il y a peu de partis,sinon pas du tout où une telle militance acharnée trouve encore dévouement et abnégation.
C’est en ces moments où le RCD attend depuis longtemps le règlement de ses créances par le ministère des finances que des informations font état de rétributions faramineuses à ceux qui ont accompagné la dernière mascarade électorale de ce début de la troisième décade de ce siècle.
Chers amis,
Je voudrai également rendre un hommage à nos militants et responsables du parti, ici à Boumerdes, en particulier, Monsieur Mohamed Allioui, président du bureau régional et toute son équipe pour avoir rendu cet événement possible malgré les difficultés.
Notre université d’été est organisée pour permettre de renforcer les rangs du parti, former nos militants, débattre des orientations politiques et préparer les échéances futures. Ce week-end, en plus des conférences-débats, les participants prendront part à des ateliers de formation. Avec notre panel d’experts, d’universitaires, d’acteurs de la société civile et de cadres militants du parti, nous traiterons en toute transparence et liberté de questions politiques, économiques et sociales. L’objet est qu’au delà du coté formatif que je viens d’évoquer, nous devons démontrer que le débat serein est possible sur des questions qui constituent l’essence de la crise qui plombe le pays et lui fait courir des dangers réels dans un monde marqué par des mutations dans son fonctionnement et dans sesnouvelles exigences. L’heure ne peut pas être au statuquo mais à l’élaboration de stratégies dans les domaines aussi variés que l’énergie, l’économie de la connaissance ou la diplomatie.
Durant ces deux journées, nous suivrons ensemble les éclairages de nos communicants sur des sujets d’actualité et les enjeux majeurs dans les domaines géopolitiques, diplomatiques et les questions socio-économiques. Il sera aussi question de l’état de droit, des libertés, des luttes démocratiques et des souverainetés nationale et populaire chères à notre peuple. Pour les ateliers de formation, ces sessions interactives aideront à approfondir les connaissances et les compétences de nos militants, en symbiose et en petits groupes.
Nous faisons à chaque fois appel dans nos différentes rencontres à des compétences connues et reconnues. Nous accueillons pour la séance matinale d’aujourd’hui Brahim Oumansour, directeur de l’observatoire du Maghreb à l’IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques) et Expert en stratégie internationale ; Smain Lalmas, Manager Général, Formateur et Conseiller Export/ Président de l’association ACE (Algérie Conseil Export) et Mourad Ouchichi, Docteur d’Etat en Économie. Pour la seconde partie, dans la matinée de demain, on aura deux tables rondes avec, en première séance, Madame Louiza Ait-Hamadouche, Politologue, professeure à la faculté des sciences politiques et relations internationales et Zoubir Arrous, Sociologue et chercheur au centre de recherche en Anthropologie sociale et culturelle d’Oran. En deuxième partie, nous traiterons des luttes pour les libertés avec des expériences algériennes avec nos amis Messaoud Boudiba, Coordinateur du Syndicat autonome CNAPEST, Said Zahi, avocat et membre du collectif de défense des détenus d’opinion et le journaliste Said Boudour, activiste et défenseur des droits humains.
Chers invités et participants,
Vous savez tous qu’en ces temps difficiles dans notre pays avec les bouleversements inquiétants qu’on connait au niveau régional et international, nous devons être mieux armés et préparés pour affronter les situations présentes et les conjonctures futures.
Comme vous le constatez, de nombreux jeunes sont présents parmi nous. Ces journées doivent leur permettre d’exprimer leurs choix, leurs espoirs et discuter sereinement de leurs craintes. Ils ne doivent pas être gagnés par le désespoir, l’échec, la colère et les tentations hasardeuses. Nous sommes les rares à être présents dans les moments aussi difficiles ; ce n’est pas un choix, c’est un devoir dans notre conception de la lutte. Nous l’avons démontré à toute épreuve. Le curseur de l’histoire, notre passé et notre présent en témoignent. C’est parce qu’il y a au sein de notre parti autant d’exemples, de repères, et surtout, de valeurs que nous pouvons sortir des difficultés et du coup aider notre pays à sortir du marasme et de l’échec. Ne dit-on pas que « l’indifférence est le commencement de l’échec »? Il faut oser caractériser les situations de manière honnête et fidèle comme nous le faisons. Au RCD, c’est parce que nous croyons que la voie du salut réside dans celle du savoir, de l’honneur, du travail et du dévouement, que tous les espoirs sont permis. Je parlais des jeunes, et nos jeunes engagés dans le combat savent qu’entre la tentation du naufrage de la Harga et le « luxe » du désespoir et de la démission, il y a le courage et la résistance qui peuvent sauver, et notre jeunesse et notre pays.
Chers amis,
On ne peut pas ouvrir notre université d’été sans aborder la situation que traverse notre pays. La résonnance du message du 07 septembre 2024 est encore là. Les populations de toutes les régions du pays ont massivement tourné le dos à la mascarade électorale convoquée par le régime. Ce dernier a considérablement accentué son isolement. Les cinq dernières années censées répondre aux revendications du mouvement de février 2019 pour faire émerger une Nouvelle Algérie a donné lieu au règne du tout sécuritaire et d’une justice aux ordres. Le premier s’est chargé d’instaurer la terreur au sein des populations à tous les niveaux de l’échelle sociale et l’autre à exécuter les désidératas des hommes de l’ombre qui, le plus souvent, virent aux règlements de comptes.
Notre pays a besoin d’une autre voie, d’une autre vision et il est temps de cesser la navigation à vue afin d’éviter le délitement des liens avec l’État national, la démission et l’attrait de la fuite du pays dont nos jeunes sont les plus exposés à la Harga qui déchire et parfois endeuille de nombreuses familles.
Nos constats, sans complaisance, peuvent ne pas plaire mais la situation que vit le pays ne prête pas à satisfaction. Un État qui ne protège pas les droits et les libertés des citoyens et qui n’aspire pas à promouvoir la modernité, le progrès et la stabilité ne peut être respecté dans le concert des Nations. Maintenant pour le RCD, il ne s’agit pas de noircir un tableau déjà sombre ou de rester sur de simples bilans de qui a tort et qui a raison. Il est urgent de jeter de nouvelles perspectives à la Nation pour garantir l’unité et la pérennité de l’État national.
La solution, nous l’avons, à maintes occasions, rappelée : ouvrir un dialogue national sans complaisance et remobiliser les forces vives du pays. Là est l’urgence ! L’appel du Chef de l’État à un dialogue inclusif que nous avons espéré et salué semble être relégué aux calandres grecques. C’est le signe que les décideurs ne prennent pas la mesure que l’urgence est de redonner confiance aux populations.
A ce sujet comme tant d’autres, les positions du RCD sont publiques et ne souffrent d’aucune ambiguïté. La démocratie pour nous renvoit à un contenu universel qui garantit les libertés fondamentales et le respect des droits de l’homme. C’est aussi un contenu social qui suppose une redistribution juste des richesses produites et l’organisation de la solidarité nationale. La liberté d’initiative en matière économique, la régulation démocratique et la lutte contre le bazar de l’informel sont incontournables pour assoir une véritable économie de production. C’est ça le rôle d’un Etat de droit démocratique.
Au RCD, nous estimons que seule l’instauration d’un débat libre peut aboutir à un dialogue sincère dont le but est de jeter les bases d’un Etat de droit stable et fort. De ce dialogue, que nous souhaitons loin d’une supercherie burlesque, il est attendu la définition des mécanismes, des moyens et des garanties qui encadreront ce processus. On ne décrète pas un État de droit comme on ne l’instaure pas d’un coup de force.
L’effondrement historique du socle électoral du régime à l’occasion de la dernière élection n’est pas un accident de parcours mais le résultat d’un processus de longue date que le mouvement de février 2019 n’a fait qu’accélérer. Ceux qui pensent qu’un rapiéçage interne au système peut sauver le régime ne font que compliquer toute sortie de crise.
C’est désormais la fin d’une époque. Place à l’Algérie des libertés et de démocratie. Chaque moment pour nous est une lutte pour une quête d’espoir et de mobilisation pour mieux affronter l’avenir. Nous avons su garder le cap dans les moments les plus difficiles, notre université d’été doit constituer une solide rampe d’idées pour l’Algérie de demain.
Je vous remercie pour votre présence et écoute. Je souhaite beaucoup de réussite à nos travaux.
Zemmouri, Boumerdes, le 25 octobre 2024
Atmane Mazouz, Président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie