Mesdames, Messieurs, Azul, Sbah El-Khir, Bonjour,
Aujourd’hui, nous sommes ici pour aborder un sujet fondamental pour l’avenir de notre société et particulièrement celui de nos enfants : il s’agit de l’école. Comme annoncé sur cette banderole, nous allons traiter sans complaisance de la réalité de l’école algérienne et des défis qui l’attendent. Soixante-deux ans après l’indépendance, les verrous sont toujours là à empêcher d’ouvrir le débat, de façon sereine et lucide, sur l’école en Algérie. Conçue pour assumer le contrôle de l’esprit et garantir la reproduction du système, nos enfants à travers l’école sont les premières victimes de la violence idéologique. De la négation d’un héritage culturel ancestral, du mépris de la rationalité au refus de l’universalité jusqu’à l’encouragement de l’archaïsme idéologique, le régime a conduit notre système éducatif à une impasse historique.
L’école est le pilier de l’éducation, le lieu où se construisent les Nations et les citoyens de demain, où se forgent les esprits critiques et les compétences essentielles pour réussir dans un monde en perpétuelle évolution. Elle doit être libérée. Si on doit faire une sérieuse évaluation de notre système éducatif, reconnaissons que le constat est accablant : le niveau de formation a vu ses performances péricliter et le degré n’a jamais atteint une telle décadence au point où la maitrise des rudiments de la formation, des technologies et surtout des langues- qui ont cessé d’être à l’ordre du jour- ne sont convoquées que pour les besoins de propagande dans les discours officiels. A l’université, comme me le disait un recteur tout récemment, il y a des étudiants qui ne savent ni lire ni écrire et c’est un drame.
Une école de la réussite est celle qui s’assigne un rôle social, un couronnement économique, un épanouissement culturel et une destinée politique à la mesure des nations démocratiques et développées. Elle doit être le carburant et le moteur du développement d’un pays.
Au RCD, nous sommes convaincus que l’urgence est de donner un nouveau départ à notre système éducatif. Il est dans l’essence de notre programme de donner une meilleure éducation à nos enfants.
Nous ne cessons de le rappeler ; nous sommes pour une école républicaine, progressiste et ouverte sur l’universalité ; la seule qui peut faire face aux défis de l’heure. Nous persisterons à militer pour qu’elle soit plus adaptée aux réalités universelles actuelles et aux défis futurs. Pour nous, l’école algérienne a sérieusement besoin d’être réformée et c’est une urgence vitale.
Chers amis, invités et militants,
Nous sommes dans un monde qui se transforme et change rapidement. Les métiers évoluent, les compétences demandées se transforment, et l’école doit s’adapter pour répondre aux besoins d’une société qui valorise de plus en plus la créativité, l’esprit critique et l’innovation. Nous ne pouvons plus nous contenter de transmettre des connaissances théoriques ; nous devons apprendre à nos enfants et aux jeunes à s’adapter, à penser par eux-mêmes et à progresser.
En Algérie, les inégalités sociales et l’échec scolaire sont une réalité persistante et un sérieux handicap pour l’avenir. Nous devons affronter cette dure réalité avec détermination et ingéniosité. Trop d’enfants se sentent laissés pour compte dans un système qui ne répond pas toujours à leursattentes et à leurs besoins individuels. L’Algérie a besoin d’une refonte totale de son système éducatif et cette mutation, nous la voulons pour que chaque élève, quels que soit son rang social, son appartenance géographique et ses moyens pour avoir les mêmes chances de réussir. L’école doit devenir ce lieu inclusif, où chaque enfant doit trouver sa place, s’épanouir et développer son potentiel.
Honorable assistance,
L’école est la vie, elle doit être un droit acquis à la naissance ; elle est tout aussi la boussole de la vie. Chacun de nous est le fruit de son éducation ; une mauvaise éducation est source de mauvais citoyen, et un mauvais citoyen est source de danger pour la société et pour la Nation.
Après plus de 60 ans d’indépendance, notre école demeure embrigadée par des choix inefficaces, des orientations idéologiques destructrices et des programmes inopérants et handicapants pour nos enfants. Le niveau de toute l’institution scolaire et universitaire s’est effondré. Comparé à des normes universelles, le système éducatif algérien est souvent mal classé.
Une école du savoir et du rayonnement est possible et le RCD n’a de cesse de le revendiquer et de militer pour cela. Comme il l’a été pour la réforme de la justice qui broie des innocents, de l’administration qui inhibe les énergies et les initiatives, il l’a été également pour la réforme de l’école qui continue à massacrer l’avenir de nos enfants.
Combien de projets de réformes initiés et abandonnés à cause de l’absence de volonté politique et du poids des considérations idéologiques pour finir dans les travers des tiroirs sombres de pouvoirs incompétents et frileux ? Nous pouvons ici rappeler devant vous les travaux de la commission dirigée par Ahmed Benzaghou qui avait pour objectif principal de moderniser le système éducatif algérien, considéré comme étant en crise très profonde.
Les objectifs de la réforme étaient nobles et le RCD a activement concouru et souscrit à son aboutissement. La commission avait pour mission de diagnostiquer les problèmes structurels et pédagogiques de l’éducation nationale, de réorganiser les programmes scolaires afin de mieux répondre aux exigences contemporaines et internationales, d’améliorer la qualité de l’enseignement et réduire le taux d’échec scolaire, d’introduire des technologies modernes et des langues étrangèreset d’adopter une approche pédagogique plus active et centrée essentiellement sur l’élève.
De cette commission, des recommandations audacieuses ont été formulées allant de la révision des contenus pédagogiques à la réforme des cycles scolaires et des manuels pour les rendre plus interactifs et mieux structurés. Il est également question du rééquilibrage de l’usage des langues dans l’enseignement, de l’introduction de l’informatique et des TIC dès le primaire et du renforcement de la formation des enseignants.
Plus de deux décennies après, notre école est dans l’incapacité à répondre aux défis contemporains et le bilan est plus que controversé tant les objectifs de cette commission ne sont pas atteints et les triturations cycliques n’ont pu révolutionner le grand chantier de l’éducation à cause, notamment, de l’absence de volonté politique et des blocages des courants conservateurs et rétrogrades.
Mesdames et Messieurs,
Transformer l’école et l’adapter aux défis contemporains est possible. Pour cela, on doit valoriser les compétences telles que la créativité, la collaboration, la pensée critique et les connaissancesnumériques. Les outils numériques peuvent être des alliés précieux pour préparer les élèves aux défis de demain. Ce sont ces aptitudes qui permettront aux jeunes de réussir dans un monde, aujourd’hui,globalisé et digitalisé.
D’autres aspects doivent être pris en compte. Nous devons intégrer les sujets du développement durable, de l’éducation aux médias et la citoyenneté. Il est tout aussi important de valoriser l’enseignement professionnel. Trop souvent perçu comme voie de second choix, sa qualité doit être améliorée car elle est essentielle pour notre économie et pour de nombreux jeunes qui s’y épanouissent et réussissent.
Pour conclure, réformer l’école est une nécessité, une responsabilité que nous avons envers les générations futures. Osons plutôt exiger fondamentalement une refonte. Une refonte qui doit être ambitieuse et fidèle aux valeurs républicaines : l’égalité des chances, la fraternité et la liberté de penser. Ensemble, faisons de l’école un lieu où chaque enfant peut apprendre, grandir et rêver d’un avenir meilleur.
Merci pour votre attention et bonne réussite à nos travaux.
Sétif, le 30 novembre 2024
Atmane Mazouz
Président du RCD