Pressions accrues sur le pays : quand la réponse politique fait défaut

Dans plusieurs conflits mondiaux et régionaux, la situation semble s’accélérer, mais le fil d’Ariane, aussi ténu soit-il, qui relie des théâtres d’opérations en apparence différents, renvoie au conflit global qui dicte les positionnements /repositionnements des nations dans la défense de leurs intérêts ou la quête de leadership.

Notre sous région n’y échappe pas. Concomitamment, on assiste à des évolutions inquiétantes à nos frontières, au Sud du pays. Le Mali d’abord et la Libye ensuite sont en passe ou servent déjà de terrains d’affrontements pour le contrôle de positions stratégiques et des richesses naturelles du sous-continent, entre autres, métaux rares, minerais et énergies même si ces rivalités prennent, le plus souvent, des connotations politico-idéologiques.

On ne sait pas ce que l’Ambassadeur de la Libye ,qui a sollicité une entrevue avec le ministre algérien des Affaires Etrangères a dit à ce dernier. Par contre, on sait à travers le journal El Moudjahid que Monsieur Attaf a formulé des vœux pour que le cessez le feu fragile signé en octobre 2020 entre le gouvernement d’union nationale (GUN), installé à Tripoli et les forces du général Haftar qui contrôlent l’Est du pays soit respecté.

Dans les faits, notre pays semble impuissant face aux deux belligérants, le GUN, installé par l’intervention militaire turque avec la bénédiction des Etats Unis et les forces du général Haftar dans le Sud Ouest soutenues par la Russie, l’Egypte et les Emirats.

Le mouvement de troupes ordonné par Haftar, dirigé vers les frontières algériennes, viserait selon les collaborateurs du général à « renforcer la sécurité nationale du territoire dans ces zones vitales, lutter contre le trafic de drogue, le trafic d’êtres humains et l’activité croissante des groupes terroristes ». Pour d’autres il s’agirait de la prise de l’aéroport de Ghadamès, point frontalier entre la Libye, la Tunisie et notre pays. Autant dire que dans tous les cas, la pression sur l’Algérie est de mise.

Pendant ce temps, les troupes régulières maliennes, épaulées par les Russes de la milice de l’Africa Corps (ex Wagner) ont été défaites par les forces de l’Azawad épaulées des groupes islamistes et soutenues, au moins, par les Ukrainiens dans une embuscade à Tinzawatine, à une encablure de notre frontière. La situation est d’autant plus compliquée lorsqu’on sait que la junte au pouvoir au Mali accuse l’Algérie de continuer à abriter des dirigeants de l’Azawed qui viennent de refonder le mouvement en abandonnant sa revendication historique de développement de cette région au profit de l’indépendance.

Dans ces deux conflits, la Russie, fournisseur important de notre matériel de défense semble se retrouver aux antipodes de nos intérêts dans notre voisinage.

Dans les faits, toutes ces pressions qui placent notre pays au centre du conflit entre l’Otan et la Russie, ajoutées à d’autres dans le conflit du Sahara occidental où on assiste à un basculement de nombreux pays en faveur du plan d’Abraham, visent le contrôle de toute la région. Toute cette accélération ne vise-t-elle pas, à court ou à moyen terme, la légitimation d’une intervention, comme un déploiement de l’Otan dans la région ? On sait déjà que des pays qui ont perdu leurs positions influentes dans la région travaillent dans ce sens.

Indépendamment des capacités de notre armée pour protéger le pays dans un cas comme dans l’autre, l’absence de réponse politique nous expose davantage. Il ne sert à rien d’user de formules creuses pour la consommation interne et il est contre productif de focaliser l’opinion sur des dangers internes maintes fois ressassés avec les mêmes formules.

L’unité du pays et le front contre les adversaires et les ennemis extérieurs passent par la légitimité des institutions à commencer par la première d’entre elle. Le rendez vous du 07 septembre qui exclût précisément tout débat, à commencer par les menaces réelles sur notre unité et notre souveraineté ne peut qu’aggraver nos fragilités.

Alger, le 17 août 2024

Ouamar Saoudi

Secrétaire national du #RCD chargé des relations internationales

RCD

 yellassirem@gmail.com

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